Si la Révolution française a consacré les droits de l’Homme en 1789, ce n’est qu’en 1971 – presque 200 ans plus tard – que le suffrage féminin est introduit au niveau fédéral et en 1991 au niveau cantonal en Suisse. Alors si “ comparaison n’est pas raison ”, il est intéressant de constater qu’il faut souvent un laps de temps important pour transposer des avancées théoriques en mesures concrètes. Le groupe de travail constitué pour cette recherche part du principe que l’éducation reste la clé de tout progrès et que chacun·e, quels que soient son parcours, ses origines, son sexe, ses capacités ou ses circonstances personnelles, devrait y avoir accès de manière inclusive et représentative. C’est pourquoi notre travail vise à rejoindre nos différentes expériences professionnelles et les besoins de nos formations respectives, afin d’explorer un sujet qui nous touche aussi personnellement.
Mais que se passe-t-il lorsque cette affirmation de soi ne semble pas correspondre aux attentes ou à l’image que les autres se font de nous? C’est là justement qu’intervient cette sensibilité à la diversité et à l’inclusivité afin de transmettre un sens d’appartenance légitime et de favoriser ainsi un milieu d’apprentissage sain et sécurisant. En termes d’andragogie, il peut être difficile de commencer une formation où l’on ne voit personne qui nous ressemble, qui (se) pose des questions semblables ou qui aborde les problèmes de la même manière. Pourtant il peut être très enrichissant de partager les différences et perspectives d’horizons différents, qu’il s’agisse d’origine, de religion, de sexe, de sexualité, ou encore de classe sociale. Notre hypothèse de recherche vise à défendre l’intersectionnalité andragogique et reconnaître que nous sommes des êtres aux multiples facettes et identités : Audre Lorde, écrivaine américaine, féministe et militante des droits civiques citée en exergue, qui se décrivait elle-même par ses identités panachées comme noire, lesbienne, mère, guerrière, poète a consacré sa vie, son oeuvre et son talent créatif à la lutte contre les injustices liées au racisme, au sexisme, au classisme et à l’homophobie. Ainsi lorsque nous reconnaissons que chacun·e d’entre nous dispose d’une multitude de connaissances et d’expériences complémentaires, nous renforçons et donnons une voix à la richesse de la profondeur et des vécus que nous pouvons partager.
Ainsi, accepter la diversité, c’est honorer les différences qui existent entre des apprenant·es et l’inclusion valorise et intègre cette diversité : elle consiste surtout à reconnaître pleinement ces différences, à les apprécier et à les considérer comme un atout. A travers ce travail, notre objectif consiste d’abord à approfondir nos connaissances dans le domaine de la diversité et de l’inclusion (D&I), afin de réunir des références sur les forces et atouts que ces aspects peuvent apporter dans une formation. Ensuite, nous voulons expérimenter et tester par le biais d’exercices exploratoires concrets les avantages qu’amènent la reconnaissance et la compréhension de ces dimensions sur la dynamique de groupe et d’apprentissage. Nous aspirons à proposer des pistes de réflexions inclusives faciles à mettre en pratique pour favoriser l’inclusion en les rassemblant dans un document pratique et utile à tou·te·s.
Enfin, pour cette première volée de formation hybride et de surcroît en pleine pandémie, nous constatons que la technologie a un rôle prépondérant à jouer dans tout cela, non seulement en transformant la façon dont nous apprenons, mais aussi en accélérant la mise en place de solutions qui changent véritablement la vie des apprenant·es et proposons la mise en ligne d’un site dédié à l’inclusion pédagogique afin de permettre à d’autres d’améliorer ou imaginer leurs propres pratiques andragogiques, d’où la proposition virtuelle complémentaire 1 à ce document.
[1] Création d’une plateforme internet : www.diversite-inclusion.ch